I thought my world was perfectchapter one Leo. Elle sursauta à l'entente de son prénom, prononcé par cette voix. Cette même voix qui faisait trembler mère et enfants dans la villa Everton. Celle du patriarche, monsieur Everton, devenu soudainement violent envers sa famille entière. Leo n'en savait pas exactement la raison, mais ce qu'elle savait en revanche, c'est que ce ton semblable à un coup de feu ne voulait dire qu'une seule chose ; elle va se faire
punir. «
Leo, c'est quoi ça ? » demanda
papa avec violence dans sa voix. La jeune femme ne répondit pas. Dans le creux des affreuses mains de M.Everton, il y avait quelques bouts de papier.
Oh, non. Elle avait oublié de reprendre ses photos qu'elle avait montrées à Solal. «
Je t'ai déjà dit que je ne voulais pas que tu continues à faire ça. C'est pas un métier, d'être photographe. Tu le comprends ça, au moins ? » Il beuglait à la figure de Leo, jusqu'à ce que son haleine vienne agresser ses narines. La jeune femme voulait pleurer à chaque fois qu'il lui disait ça.
C'est pas un métier. Devant le visage immobile et terne du paternel qui attendait clairement une réponse, elle tenta de s'expliquer. «
Oui... Je, je voulais au moins continuer comme un passe tem- » «
NON ! Ce n'est pas un passe-temps, il faut que tu oublies ça, sinon tu continueras à être tentée ! »
Papa n'attendit même pas avant de déchirer les trois photos sous les yeux de Leo. C'étaient ses préférées, prises depuis le toit de l'un des plus hauts immeubles de New York où elle s'était faufilée. Le visage déformé par la colère de son père la fixait toujours, mais elle ne pouvait voir que du brouillard à présent. «
C'est pour ton bien, Leo. Tu feras des études digne de notre famille, puis tu épouseras un homme qui sera à ta hauteur. Tu devrais t'estimer chanceuse d'avoir une vie comme celle-là. » Ses lèvres tremblaient, suivies par son corps tout entier. «
Tes frères n'ont pas voulu de cette vie, mais toi, tu peux toujours m'écouter. Tu seras puissante et admirée, mon héritière. On n'entendra bientôt parler plus que de toi. » Leo secoua la tête plusieurs fois, lentement. Elle ne put que prononcer une dernière phrase avant de fondre en larmes jusqu'à en avoir mal au crâne. «
J'veux pas de cette vie, papa. S'il te plait, depuis dix ans on ne te reconnait plus. » M.Everton serra le poing face à cette réponse. Il n'avait entendu que la première phrase, comme à son habitude. C'est après avoir décoché une gifle sur la joue de Leo qu'il se retourna et grogna de sa voix tonnante avant de quitter la salle. «
Tu penses que tu n'en veux pas... mais tu ne sais même pas ce que tu veux ! »
chapter two «
Tiens-toi droite et souris un peu plus. Montre-leur comme la Miss Everton est belle. Tu ne voudrais pas avoir l'air indésirable, veux-tu ? » «
Oui, papa. » Les extrémités des lèvres de Leo se soulevèrent douloureusement, formant un faux sourire évident. Heureusement, c'était suffisant pour M.Everton qui détourna le regard. Leo était sagement posée, entre son père et son frère dans la salle de conférence de Everton Industries. Elle n'avait qu'une seule espérance ce jour-ci : avoir été assez parfaite pour ne pas finir la journée les joues rougies par les gifles et par les larmes. Quelqu'un prit la parole pour un discours interminable. C'était souvent comme ça, les conférences annuelles ; l'ennui total. Leo s'en fichait tellement, de ces histoires. Mais elle et Solal devaient être présents, probablement pour faire joli à côté de leur père et représenter leur illustre nom de famille.
Une voix l'interpella. Celle de son frère. Pourquoi Solal voulait-il prendre la parole ? Il ne le faisait jamais, d'habitude. «
Juste une question, ici, qui est au courant que Everton Industries existe seulement grâce aux pots-de-vin que mon père reçoit ? » Le cœur de Leo fit un bond. Il avait vraiment osé dire ça. Elle pouvait sentir l'animosité grandissante de chaque côté de sa place. D'un côté son frère, qui arborait un air fier mais qui devait être terrifié au fond de lui. De l'autre son père, dont elle pouvait sentir la tension de son poing serré. «
Personne ? Maintenant, vous êtes au courant. » Sur ces mots, Solal sortit de la salle. Leo le pensait fort dans sa tête : t'as déconné Sol'. Elle savait que cet affront ne serait pas impuni. Le patriarche parlait lentement, tentant de calmer la foule en leur expliquant que son fils était perturbé en ce moment et qu'il ne savait pas ce qu'il disait. Leo devinait qu'il bouillonnait de rage à l'intérieur. Il était toujours comme ça quand il les battait. Calme en apparence, meurtrier la seconde d'après. M.Everton sortit de la salle lui aussi. Elle resta immobile, faussement souriante comme il lui était demandé, mais ses yeux devinrent luisants lorsqu'elle put sentir dans son for intérieur chaque coup que
papa devait asséner à Solal à l'heure qu'il est. A ce moment, elle se le promit à elle-même.
Plus jamais.chapter three Liberté ! Oh, liberté ! Ce mot chantonnait dans la tête de Leo lorsqu'elle entra pour la première fois dans son studio privé à Herston. Tout était beau, déjà meublé, d'un blanc et gris peut-être un peu impersonnel mais pour Leo, c'était l'odeur de la liberté qui était déjà là. Loin de son père, loin de cette infâme villa à New York, c'était une nouvelle vie qui s'offrait à elle, une vie où elle pourra profiter de sa jeunesse, de son argent, de sa passion pour la photographie. Une joie jamais expérimentée depuis des années emplissait le cœur de la jeune femme. Peu importe qu'elle fasse des études dans une matière qui lui plaisait guère : elle était libre de ses actions à présent et c'était tout ce qui lui importait.
Pourtant, au bout de quelques années au campus, Leo remarqua un problème qui la chiffonnait. Elle était... normale. Banale. Personne ne l'admirait, personne ne la regardait, elle était ignorée, une madame tout le monde comme toutes les autres. Pour Leo, ce n'était pas elle. Non, elle méritait l'admiration de tous, elle détestait l'admettre mais les paroles de son père lui sont finalement restés.
Tu seras puissante et admirée, mon héritière. On n'entendra bientôt parler plus que de toi. Au campus, ce n'était pas le cas. De plus en plus frustrée, Leo tenta de se construire une personnalité plus rebelle, elle se mit à s'inviter aux soirées organisées par les plus populaires et se laissa tenter par l'alcool et le tabac, deux choses auxquelles elle n'avait encore jamais touché auparavant. Elle joua de son nom de famille respecté de tous pour se hisser sur les échelons de la popularité. Obsédée par sa réputation, Leo ne réalisait pas que sa relation autrefois fusionnelle avec son jumeau se dégradait de jour en jour. Elle qui était jadis modeste et juste était devenue désinvolte, superficielle, Solal ne la reconnaissait plus.