I'm still learning to love, just starting to crawl
Esteban & Garett

« Les gars, je suis puceau. » As-tu lâché, le verre à la main à ta bande d’amis. Leur réaction n’a pas attendu une seconde de plus ; tous ont ris à s’en tenir le ventre. Si certains ne te croient pas, d’autres oui. A eux de se faire l’idée, mais il y a bien une chose que tu n’aurais pu prévoir. Le surnom puceau te colle à la peau depuis cet événement. L’alcool désinhibe un peu trop, surtout dans ton cas. Ta consommation n’est pas fréquente et encore moins habituelle, te complaisant plutôt dans le calme de ta chambre que le bruit ambiant d’un bar bondé. Ce soir-là, tu t’es promis de ne plus jamais boire autant, de ne plus les écouter et les suivre dans leurs conneries. Ce n’est pas une promesse en l’air car tu en subis les conséquences. Au fur et à mesure, ce surnom débile te fait rire, tu espères que ta réputation ne dépassera pas les frontières de votre groupe. Rien n’est moins sûr, les secrets ne le restent pas longtemps au sein de l’université. Tu crains que ça alimente les plus folles rumeurs. Fort heureusement, tu n’es pas quelqu’un de connu ni de célèbre. Dans les couloirs, ta silhouette élancée passe inaperçue volontairement. Être au centre des intentions n’est aucunement ce que tu cherches. Des étudiants en ont besoin pour exister, tu ne les juge pas, ils veulent juste être le centre du monde. Tu n’as jamais été celui de ton père, alors pourquoi cela changerait ? Tel un fantôme, tu déambules, te contentant de vivre ta vie sans te perdre dans les plaisirs de la popularité. Ce ne sont que des affres futiles. Une énième journée à suivre les cours, à faire des projets en tout genre. Le Master est un autre monde. Les cours magistraux sont moins nombreux, vous avez davantage de projets. Pas un mal en soi, simplement plus de travail. Tu as choisi cette fac pour ça. Le diplôme t’offrira une véritable porte pour le monde de l’emploi. « Hey le puceau, t’es là ? » La voix de Kaylan te ramène à la réalité, ton assiette encore remplie, tu n’y as pas encore touché. Un moment d’absence durant lequel tu t’étais littéralement déconnecté de la conversation. Ça t’arrive souvent, surtout ces derniers temps, à cause de ça, l’on te voit souvent comme un intellectuel se perdant dans ses réflexions. A dire vrai, ce ne sont pas forcément des pensées scientifiques, simplement des questions.

La journée se termine assez tôt. Néanmoins, ton frigo est vide, ce qui t’oblige à faire des courses, moment tant redouté. Te mélanger à la foule n’est franchement pas ce que tu préfères. En marge de la société, évidemment que tu l’es, bien loin du beau gosse à se moquer de tout et de rien. Tu ne joues pas avec les cœurs et encore moins les gens. La sincérité dont tu fais preuve est peut-être une fragilité, pas si on l’utilise à bon escient. Tes pas sont lents mais s’accélèrent quand un chien commence à te suivre d’un peu trop près. Aussitôt, l’envie de partir en courant se fait sentir, mais au milieu de la rue, l’on risque de te prendre pour un fou. La gêne s’empare de toi, mais tu es dicté par ton instinct : fuir. Tes prunelles ne le quittent pas des yeux au cas où il tenterait de s’approcher. A cause de ton imprudence, ton corps entre en collision avec un inconnu. Le choc n’est pas important mais suffisamment pour te faire reculer, affichant un air désolé, réellement. « Pardonnez-moi ! » L’animal court en ta direction, tu pousses un petit cri peu viril avant de marcher autour afin de le semer. Quelle horreur. « Il ne veut pas me lâcher. » Le désespoir s’entend dans ta voix, qu’il te vienne en aide, et vite.

@Esteban Frost

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Esteban & Garett

« [color=#00cccc]Je l’observe, elle est là, immobile et rigide, comme toujours. J’ai été convié à un déjeuner en famille, sauf que voilà, mon père et ma sœur ne sont pas là…Je pensais que la famille serait réunie, que nous aurions pu pour une fois être ensemble, mais non. Ma mère, elle est toujours aussi froide et moi, je suis toujours aussi silencieux. J’aimerais qu’elle me regarde, qu’elle me parle, qu’elle me demande comment ça va. Sauf que ça, c’est pas elle et ça, c’est pas moi non plus. J’ai été élevé par une nourrice, voilà bien longtemps que je n’ai plus l’espoir de la voire s’intéresser à moi. Les disputes, elles sont de plus en plus présentes entre elle et mon paternel, le divorce, je le sens arriver à plein nez. Je ne suis pas stupide sous mes airs de gosse de riche, moi aussi j’ai un cœur, moi aussi je peux souffrir. Poussant un léger soupire, je prends une gorgée du jus d’orange versé par la bonne qui sert les Frost depuis plusieurs années maintenant. Elle, elle lit des trucs, sûrement en rapport avec son magazine, Vogue, étant la rédactrice en chef, elle a beaucoup de boulot. Les minutes, elles s’écoulent, elles semblent éternelles. Putain, parles-moi ai-je envie de gueuler, mais je m’abstiens, n’ayant pas envie de me prendre la tête ce matin. J’ai juste envie de m’en aller, de fuir et de ne pas revenir. Malheureusement, dans cette famille ce n’est pas aussi facile. Mes parents sont dans le top dix des couples les plus puissants du pays, les médias, ils sont souvent à nos culs comme des sangsues et moi, je l’avoue, j’en joue. Je les punis avec mes frasques, mes conneries, c’est un moyen comme un autre pour attirer leur attention, leur montrer que tout ça, au final, ça me fait sombrer.

Finalement, après deux heures à se dire quelques simples mots, quelques modalités, je file pour vaguer à mes occupations. Etudes, sports, tout y passe, parce que mes journées sont bien chargées. Ce soir, je dois encore sortir pour retrouver mes amis, ce soir, je vais encore me bourrer la gueule pour oublier. C’est plus facile comme ça, c’est mon moyen d’oublier et d’effacer ce qui se passe dans ma vie à l’heure actuelle. Parce que ouai, je suis clairement en train de me perdre dans un tourbillon incontrôlable et incompris. Finalement, c’est dans les rues que j’atterri, ayant décidé d’aller faire quelques achats compulsifs, faire exploser la carte de banque de maman et papa pour acheter des trucs pour l’université. J’ai de l’argent à ne plus savoir quoi en faire, de ce fait, je dois bien faire en sorte qu’il serve à quelque chose. Marchant calmement, le nez sur mon portable, je ne prends pas une heure avant de foncer dans un jeune homme. Surpris, je recule d’un pas, relevant mon regard gris-vert vers une silhouette masculine qui s’excuse avant de pousser un cri en voyant un clebs courir vers lui. L’image, elle est drôle. Au départ, je reste stupéfait devant cette scène…il semble vraiment paniquer, alors que le chien, lui, semble juste vouloir des caresses, remuant la queue de droite à gauche. Et là, je pouffe de rire, plaquant ma main devant ma bouche, essayant de ne pas littéralement exploser de rire. « Je pense qu’il t'aime bien… » Dis-je entre deux rires. Moi, je suis un amoureux des animaux, alors c’est naturellement que je m’approche de l’animal, me demandant si son propriétaire va surgir de nulle part ou non. « Hey mon grand, tu fais peur au jeune homme…Oh oui, t’es un vilain chien…mouai… »

Caressant l’animal, celui-ci vient à se coucher sur le sol, les quatre pattes en l’air, réclamant des gratouilles sur le ventre. Lui offrant bien volontiers, je m’accroupi, levant la tête vers le pauvre garçon complètement…terrifié ? « Promis, je pense qu’il a déjà mangé…Ou peut-être que tu étais son dessert, c’est une probabilité. » Dis-je en souriant avec amusement, laissant mon regard s’ancrer dans le sien.

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Esteban & Garett

La famille est une tare dont nous ne choisissons aucunement les membres. Dans ton cas, tu aurais préféré ne pas avoir un tel père. Ce dernier n’a jamais daigné te féliciter quant à tes résultats scolaires, ou même pour d’autres récompenses. Lors des dîners, les mots échangés n’étaient que des banalités futiles. Sa froideur ne t’étonne plus bien que ce désamour criant soit un véritable frein concernant la confiance en toi. C’est pour cela qu’à présent tu doutes énormément de tes actes, cherchant à tout prix la reconnaissance. De nombreuses fois, les disputes ont éclaté, engendrant un dialogue de sourd. Tu as la sensation de parler à un mur tant il ne te comprend pas. Beaucoup trop buté, ce dernier désire que tu reprennes sa ferme à sa suite. De génération en génération, votre famille est dans l’agriculture. Toi, tu comptes briser cette tradition car les animaux et la nature ne t’intéressent pas. Franchement, qui a envie de tâter les fesses des vaches toute la journée ? Personne, seulement les passionnés comme ton paternel. Lui ne voit pas plus loin que le bout de son nez, sans s’imaginer une seule seconde que sa progéniture n’aspire pas à cette vie-là. Pour des centaines de personnes, la famille est un sujet de discorde. D’incompréhension, de non-dits qui mettent à mal la complicité familiale. Bien plus que ça, c’est toute l’unité qui est mise à mal. Ta mère a été la seule à te transmettre de l’amour, beaucoup. Tout ça pour combler l’amour inexistant paternel dont tu manques cruellement. Cette carence ne laisse personne indemne. N’importe qui serait déçu de se voir aussi incompris par son propre père. Rejeté par celui qui devrait l’aimer. Une fracture que le temps ne pourra pas réparer, rien ne le pourra, le divorce entre vous deux est consommé. Vous êtes trop différents. Alors, partir de la maison familiale n’a pas été un mal. Libéré de cette ambiance délétère, tu profites de la vie étudiante. A ta façon évidemment. La plupart des étudiants participent à des soirées arrosées, de débauche où leurs souvenirs deviennent flous à cause de leur surconsommation d’alcool. Nul besoin de dire que dans ton cas, ce liquide n’a rien de salutaire, te libérant un peu trop la parole. A cette pensée, tu ne peux que rire intérieurement.

Jusqu’à ce que ce chien te tire hors de ta rêverie. Ton aversion pour les animaux est connue de ceux qui te connaissent, mais pas ta phobie des chiens. Une telle phobie n’est pas à crier sur tous les toits. Elle est souvent moquée, mais c’est bien plus fort que toi et voilà que tu entres en collision avec un pauvre inconnu. A force de vouloir semer l’animal, tu ne prends plus en compte ce qui t’entoure. En même temps, la crainte de le voir s’approcher encore plus te fait faire des gestes inhabituels. Les passants s’amusent de ta réaction disproportionnée. En tournant ta tête, tu constates que l’homme que tu as percuté est mort de rire. « Je…Ce n’est pas réciproque. » Concernant le fait qu’il l’aime bien, l’animal t’effraie. Tu recules en grimaçant, observant cet inconnu s’approcher du chien pour le caresser, ce dernier se laisse faire. Toujours aucun signe du propriétaire. Après tout, cet endroit est un parc, les animaux peuvent circuler en toute quiétude. « ça ne se voit pas tous les jours, quelqu’un qui a peur des chiens. » Autodérision plus que jamais nécessaire, tandis que tu esquisses un léger sourire. L’animal se redresse d’un bond, en entendant la voix de son maître plus loin. Il repart donc de son côté, tu soupires de soulagement en passant ta main sur ton front. Ton regard oblique ensuite vers le brun dont les yeux amusés ne trompent pas. Tu voudrais te cacher, couvert de honte. « Désolé en tout cas pour vous être rentré dedans. »

@Esteban Frost

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Esteban & Garett

Effectivement, voire un jeune homme avoir peur ainsi des chiens, c’est assez amusant. Les phobies sont diverses et variées. Moi par exemple, je ne supporte pas les souris, ce qui en soit pose un souci lorsqu’on connait mes études…sinon, j’ai également le vertige et j’ai peur des abeilles, dès que j’en vois une, je dois me retenir de ne pas hurler comme lui, ou encore, de sautiller dans tous les sens. Mais voilà, il est toujours plus drôle de voire les autres hurler, que d’être à la place de cette personne. Je ne fais absolument pas exception à la règle. Loin d’être un salopard, je me décide quand même à bouger, souriant à ses paroles. « Je vois oui… » Oui, je peux clairement deviner que ce n’est pas réciproque. Peut-être que le jeune inconnu à des raisons d’avoir peur des chiens…Généralement, les phobies viennent suites à certains événements traumatisants, ou pas, ça dépend. Qu’importe, je ne suis pas psychologue, mais au moins, cet inconnu vient de me redonner le sourire en quelques minutes, chose que j’apprécie grandement. Me penchant vers l’animal, je me mets à le caresser. Vu son comportement, je me suis vite douté qu’il n’était pas agressif. Puis, un chien en liberté n’est pas censé attaquer, du moins, pas si le propriétaire a toutes les branches sur le même arbre. Suite aux paroles du jeune homme, je lève les yeux vers lui en souriant avec amusement. « Non, je n’en vois pas à tous les coins de rue, c’est clair. Mais on a tous peurs de quelque chose non ? Moi j’ai peur des souries et des abeilles, alors imagines lorsqu’il fait chaud et que ça grouille d’abeille…» Je ne peux pas m’empêcher de frissonner rien qu’en y pensant, ouai, décidément, je vais devoir faire avec mes peurs.

Le chien fini par se redresser et je fais de même, essuyant mes mains sur mon pantalon. Je ne suis pas du genre à faire attention à ça, si je me salis ben tant pis, j’ai d’autre habits chez moi…Enfonçant mes mains dans mes poches, je souris de nouveau, mais cette fois-ci d’une façon plus rassurante alors qu’il s’excuse une nouvelle fois. « Oh pas grave, ça m’arrive tous les jours…Les gens aiment bien me foncer dessus, c’est pourtant pas faute d’être petit…je fais presque deux mètres, je suis voyant pourtant… » Souriant en coin, légèrement moqueur, je ne peux m’empêcher de regarder le blondinet. Il est plus jeune que moi, il semble également assez timide, du moins, de ce que j’en vois. Néanmoins, une autre pensée vient à gratter la surface…Il est plutôt mignon. Mentalement, j’ai envie de me foutre une gifle. Bordel, il m’arrive quoi là ? Je fantasme sur Eldon, je trouve ce mec mignon, je lâche des vannes déplacées à Alessio…Ce n’est pourtant pas comme si j’étais en manque de sexe, étant souvent en compagnie d’une jolie demoiselle pour terminer dans mon lit. Non, y’a quelque chose de plus, comment dire, refouler. Je pense qu’au fond, je suis conscient de ce qui se trame mais, qu’au final, je ne souhaite pas y voir clair, le réaliser, l’accepter. Franchement, à 24 ans se découvrir bisexuel, c’est loin d’être facile. « T’es à l’université non ? Je pense que j’ai déjà dû te croiser une fois ou deux… » Curiosité ou envie d’entamer la conversation ? Je n’en sais rien, mais apparemment, je ne souhaitais pas le laisser filer comme ça, sans un mot. Etant du genre sociable, je peux rapidement entamer une discussion, plus facilement avec une fille qu’un mec, certes, mais quand même.