la réaction de la demoiselle evans est quelque peu déroutante mais dyl ne s’y attarde peu. pendant quelques secondes il a l’impression de voir dans les yeux de sora, une émotion qu’il peine à discerner, avant de la voir disparaitre. aussi rapidement qu’elle était apparue. l’étudiant haussa vaguement des épaules, l’oubliant tout aussi vite. loin de s’imaginer à quel point la personne qui se tenait à côté de lui était un maitre dans l’art de dissimuler ses sentiments. un peu comme lui. préférant tous les deux mettre en valeur une facette très spécifique de leur personnalité afin d’éviter d’en montrer la totalité. sora la souriante surjouée. dyl le taciturne qui se pensait mal aimé. c’était intéressant comme façon de procéder. tous deux difficiles à comprendre. « hum….non. » conclu-t-il catégorique. si la jolie brune ne le faisait pas, personne ne viendrait la remplacer. pourquoi quelqu’un se donnerait cette peine ? autant d’énergie. d’efforts. pour quoi au final ? rien. un semblant de relation. mais il la laissa rêver, parce qu’elle était drôle avec sa petite moue enfantine. boudeuse. elle semblait d’humeur nostalgique, se remémorant la toute première fois où ils s’étaient croisés. car oui, « croiser » semblait le mot plus approprié. on pouvait difficilement dire qu’ils s’étaient « rencontrés » au sens propre du terme. pour cela, il aurait fallu qu’ils s’adressent mutuellement la parole plus de cinq minutes. qu’ils posent des questions. qu’ils s’intéressent à l’autre. mais non, il n’eut rien de tout ça. au fur et à mesure que les mots sortaient de la bouche de sora, dyl se remémorait la scène avec une certaine vigueur dans sa tête. il s’en souvenait particulièrement bien. et pour tout avouer, ses premières pensées ne furent pas vraiment amicales. en y repensant, il sentirait presque du remord à l’égard de son amie. ce jour-ci il ne l’avait pas vraiment très bien traité. plutôt ignoré. comme elle venait de le souligner, dyl s’était contenté de rester poli. neutre. parce qu’il ne la connaissait pas. parce qu’il ne savait pas à quoi s’attendre. parce que les câlins ce n’étaient vraiment pas son truc. il assumait pleinement ses actes. à l’époque, celui avait semblé être la tactique la plus efficace. « certes, mais pour ma défense atom et toi étaient clairement en train de vous bécotez. c’était limite si vous n’aviez pas besoin d’une chambre. » qu’il assura avec une grimace dégoutée. il avait eu l’impression de jouer la troisième roue, et franchement ce n’était pas un rôle des plus amusants. encore aujourd’hui cela lui arrivait fréquemment. mais maintenant il en avait l’habitude. « et puis j’me suis dit à quoi ça sert de faire sa connaissance ? ça doit être une autre gonzesse qu’il a ramené dans son pieux. le pourcentage que je la recroise un jour est de 0.001% » qu’il souligna dans un haussement d’épaule comme pour s’excuser d’avoir pu penser de telles choses. ce n’était pas vraiment sa faute aussi. c’est qu’il en avait vu des filles défilées au bras d’atom. telles des trophées. des jolies en plus. on ne pouvait pas lui reprocher de ne pas avoir essayé, mais garder le rythme de toutes étaient juste bien trop compliqués. sur le moment il avait pensé avoir à faire à une autre écervelée. néanmoins, il comprit très vite que cette sora n’était pas qu’une façade. qu’elle était là pour durer. même si c’était qu’en simple « amis » bien que leur histoire de cul, dyl en avait rien à foutre. ça l’intéressait pas. mais l’idée qu’elle restait, lui avait foutu un sacré coup. à son plus grand désarroi. parce que c’était toujours moche de voir une fille débarquer et s’immiscer entre un pote et soi. bros before hoes right ? mais au fil des jours, il commença à l’apprécier. peut-être que c’était une légère exagération. bon à la tolérer. il lui fallait du temps pour s’habituer à sa présence. à sa personnalité si désarmante. cela n’avait pas été une transition facile pour dyl. « au final je ne regrette pas trop ce jour-ci. » qu’il dû admettre de bonne foi. ils avaient tout de même passé de bons moments tous ensemble, même si dyl restait la plus part du temps silencieux. quoi que ce soir, il semblait faire une exception. il n’avait jamais autant parlé. n’avait jamais été aussi investi dans une conversation. peut-être parce qu’’il n’était que tous les deux ? que personne d’autre ne les épiaient. les écoutaient. alors il se sentait plus à l’aise. dans son élément. et puis au fond, il avait un peu pris pitié de la jeune fille, ce n’était pas forcément évident de se lancer dans une conversation toute seule. quoi que sora en serait bien capable. même s’il ne savait pas vraiment pourquoi il lui racontait tout ça. et ce qu’elle allait faire de ces informations. « t’imagines ce bordel ? il appartiendrait à aucun pays. on n’est pas préparé pour ce genre d’éventualité. et le jour où ça va arriver on va tous se retrouver comme des cons » qu’il rigola presque un certain humour bien présent dans sa voix. déjà qu’eux en tant que simple immigrés ils n’étaient pas forcément très appréciés, alors là. ces notions de nations, frontières, origines, tout ce merdier. c’était bien trop arbitraire au goût du jeune warsson. ce dernier décida de passer à un sujet plus léger, en pointant du doigt un endroit vague dans le ciel. clamant haut et fort qu’il s’agissait d’un phoque. disons que tout était relatif. et sora ne semblait pas tellement convaincue par ses propos. peut-être parce qu’elle y entrevoyait autre chose. ou même rien du tout. tout ceci était bien trop subjectif. il n’y avait pas de règle. pas de façon de procéder. il fallait simplement laisser son imagination divaguer dans l’unique but d’y trouver des formes qui fassent rire. dyl était doué dans ce domaine-là. trop habitué à ce petit rituel. dans toute sorte d’endroit. « une renaissance ? » qu’il éclairci peu convaincu par les paroles de la demoiselle. qui pourtant n’avait pas complètement faux. il soupira soudainement mal à l’aise. il comprend le sens caché derrière ses mots. ce qu’ils insinuent. ce qu’ils proposent. dyl se mordille l’intérieur de la joue, tout d’abord silencieux. il ne sait pas comment exprimer son point de vue sans paraitre trop cassant. « oui mais quand elles explosent, elles détruisent tout sur leurs passages. elles créent un certain chaos. et pendant un moment il n’y a plus de vie, avant que de nouvelles étoiles apparaissent….mais après qui se souviendra de ses dit-étoiles-mortes hein ? » qu’il expliqua en montant peu à peu la voix bien trop absorbé par le message qu’il souhaitait envoyer. son corps soudain désireux de se faire comprendre, alors qu’un certain inconfort envahissait ses muscles. sa voix restait étonnamment calme, simplement emplie d’une certaine ferveur. parce qu’à ce moment-là ils parlaient de tout, sauf des étoiles et de leurs scintillements. il se tût quelque instant, le temps de reprendre son souffle. de réorganiser ses idées. ses pensées. elle explique à son tour ce qu’elle voit. dyl fronça les sourcils quelque peu dérouté. il part à la recherche de ses diverses formes. il scanne la noirceur de la nuit de long en large. « elle doit pas être comestible ta pièce montée » qu’il chuchote presque en suivant la courbe que trace ses doigts, lui donnant un petit coup de coude dans les côtes pour la taquiner. « et c’est vrai qu’il a un petit air de chat flippant qui adore sourire. » il n’avait jamais regardé alice au pays des merveilles, et connaissait vaguement l’histoire. mais il avait déjà vu des photos. des grandes affiches dans la rue promouvant le film, alors l’imaginer n’était pas trop difficile. ça référence le faisant étrangement sourire. c’est là qu’il senti une feuille tomber sur la pointe de son nez. ses doigts se déplacèrent pour la retirer, mais sora fut bien plus rapide. il l’observa quelque seconde la décortiqué, point gêné par ce changement de température. pour avoir vécu en autriche, et dans des conditions très froides, son corps irradiait de chaleur. il ne s’était même pas rendu compte que les yeux de la demoiselle s’étaient posés sur lui, bien trop absorbé par le paysage. par tout ce qui se passait dans sa tête. alors il fut quelque peu surpris par le ton sérieux de la conversation. « sora… » commença-t-il d’un air lasse. il se frotte le nez, évitant son regard. ce peureux mi-crevard. « tu ne me force pas. » qu’il articula avec douceur. bien qu’intérieurement il était encore partagé. « je t’ai dit que j’allais le faire. » qu’il souligne, comme si ses simples paroles arrangeaient tout. « et comme tu viens de le dire, j’suis un grand garçon je peux dire non. » qu’il rajoute une nouvelle-fois, cette fois-ci il se braque complètement. il ne comprenait pas pourquoi elle lui en reparlait. dans sa tête cette histoire était déjà réglée. perdue dans le passé . il se relève, énervé. restant tout de fois en position assise. il ne comprend même pas pourquoi il se met dans un état pareil. inconsciemment ses doigts se plongent dans l’herbe, jouant avec les brins entre ses doigts fins. « ne te prend pas la tête pour ça » et au fond c’était juste bizarre que pour une fois on lui demandait réellement ce qu’il souhaitait faire. qu’on s’intéressait à ce point à lui.