Il faut que nous rations notre vie ensemblechapitre one « Je cherche des filles comme toi pour mon agence, belle, intelligente, je suis sûr que tu as un potentiel énorme et que tu pourras te faire un beau pécule. Les hommes seront prêts à payer pour t’avoir à leur bras. » Ce n’était rien d’autre qu’une proposition scabreuse, une façon de me dire que je serais mieux protégée par lui qu’en prenant des risques en me prostituant comme je le faisais jusqu’ici. J’ai vendu ma compagnie à prix d’or, couché pour m’éviter de dormir dehors. J’ai joué les amantes entretenues, les filles qu’on baise entre deux rendez-vous, les fausses petites amies lors de soirées mondaines. Je crois qu’à l’heure actuelle, je suis passée maitre en l’art de devenir celle qu’on veut que je sois. Je suis une pétasse. De celles que vous ne pouvez pas supporter; de la pire espèce, une pétasse du XXIème siècle, mieux habillée que la maîtresse de votre patron. En digne héritière de générations de femmes du monde, je passe plus de temps à me laquer les ongles, à me dorer la pilule dans les bars huppés, à rester le cul sur un fauteuil et la tête dans les mains d'un parfait inconnu, à lécher les vitrines des magasins de luxe, que vous à travailler pour subvenir à vos petits besoins. Mon crédo : Sois belle et consomme. Avouez que vous me prenez pour une sacrée pucelle effarouchée en total look BCBG, sourire impeccable et cils papillonnants. Vous avez tort de me sous-estimer, ce sont des armes redoutables, c'est grâce à elles que je dénicherai plus tard un mari au moins aussi riche que Crésus. Car travailler n'entre pas dans la liste de mes nombreux talents. Je me ferai entretenir et voilà. Cela dit, depuis quelques décennies, la concurrence est rude sur le marché matrimonial du grand luxe. Les bons partis sont sollicités de toute part par une armada de mannequins, de secrétaires, et autres soubrettes ambitieuses dont les dents blanches rayent le parquet et qui ne reculent devant rien pour se tailler l'Homme divin.
chapitre two A dix-sept ans, mon réseau m’a envoyé en Australie pour un gros client. J’ai changé d’identité, abandonné Sadie… Puis Bonnie pour devenir Gisèle une fois que je suis arrivée sur le sol australien. Gisèle Hansen, escort, blonde, étudiante, jeune femme sûre d’elle et mystérieuse, voilà comment le monde me voit. Mes clients m’appellent Gisèle, mes proches « amis » Giza. Peu de gens connaissent mon vrai prénom, quant à mon nom de famille, je refuse tout bonnement de l’associer à mon activité par respect pour mon père, mais surtout pour éviter qu’on me retrouve. Voilà huit ans que je suis en cavale, huit ans que je me cache en étant une étudiante lambda et que Sadie a disparu officiellement des radars.
J'ai été internée de force pendant un peu plus d'un an pour des troubles de stress post-traumatique. La cause ? Violée à quinze ans par un oncle pédophile.
Simple, naturelle, sociable, jovial, souriante j'étais celle sur qui on pouvait s'appuyer. Celle qui voyait du positif dans tout ce qui pouvait se présenter à elle. Tout ce paraitre n'est qu'une façade pour m'assurer d'avoir le contrôle sur mon environnement. Je suis une jeune femme qu'on a blessée et abîmée. Je peux paraitre très entourée, pourtant quand on y regarde de plus près, j'ai en réalité très peu d'amis proches, je ne m'implique plus autant que j'ai pu le faire par le passé dans une relation. Je reste assez secrète et mystérieuse par instinct de survie.
J'ai honte du métier que je fais, j'aspire à autre chose.
J'ai consommé alcool et drogue depuis je me soigne.
J'ai peur de la mort, je ne préfère pas y penser.
Je suis escort pour devenir quelqu'un.
Je ne crois pas au prince charmant à part au rayon biscuits du supermarché.
J'aime lire, la musique et la danse.
Je prends des antidépresseurs car ma vie est en enfer au quotidien.
Mes parents sont décédés il y a deux ans d'un accident de la route.
Je ne parle plus à ma soeur mais je suis très proche de mon frère ainé.